François Bovesse (1890 -1944)
Chaque Namurois peut trouver en François Bovesse un trait de caractère suscitant l’admiration. En effet, l’homme déborde d’activités en sens divers.
Le Défenseur De La Culture Et Des Arts.
Élève à l’Athénée où il obtient son diplôme de gréco-latine en 1909, ses poèmes attirent déjà l’attention.
À 22 ans, en 1912, il lance l’hebdomadaire Sambre et Meuse qui fait la part belle à la littérature régionale.
On ne compte pas les revues auxquelles il apporte sa collaboration ou son soutien.
Il écrit des comédies musicales, publie des articles dans le quotidien libéral La Province de Namur; son ouvrage le plus abouti est sans doute, en 1938, Douceur mosane qui révèle si besoin en était encore son amour du terroir et de ceux qui y vivent.
Comme ministre de l’Instruction, des Arts et des Lettres, en 1935 il fonde l’Orchestre National de Belgique, encourage le classement de nombreux bâtiments ou encore lance une réforme scolaire prônant dans le fondamental l’apprentissage in situ.
L’homme De Loi.
Nanti d’un doctorat en Droit obtenu à l’Université de Liège en 1914, il témoigne sa vie durant d’un sens aigu de la justice toujours teinté d’humanisme.
Avocat, substitut de l’auditeur militaire de Calais à la fin de la Première Guerre mondiale, ministre de la justice en 1934 puis en 1936, où il s’érige en ennemi personnel des rexistes qui ne l’épargnent pas dans leur revue Le Pays réel.
L’homme Politique Militant Wallon De La Première Heure.
Fondateur du Comité Central de Wallonie, promoteur des « fameuses » Fêtes de Wallonie qui animent les mois de septembre de la Cité mosane depuis 1923, il refuse les lois linguistiques de 1930 ou se bat pour renforcer dans le sud du pays les moyens de défense militaire qu’il juge trop faibles.
À ce titre, les Chasseurs Ardennais lui sont redevables de leur existence.
Parce qu’ami de l’homme et de la liberté, il montre à ses concitoyens l’exemple à suivre dans la résistance à l’occupant. Mobilisé en 1914, il participe à la défense du fort d’Évegnée.
Bien que blessé et infirme, il prend encore part au combat pour la ville d’Anvers.
Devenu, en 1937, Gouverneur de la Province de Namur, le Premier Ministre Pierlot le nomme en 1940 haut commissaire du Gouvernement belge à Sète (Hérault) où il s’occupe de l’accueil des réfugiés. De retour à Namur en septembre 1940, il est interdit de toute fonction publique.
Comme avocat, il fustige l’attitude de certains collaborateurs ce qui lui vaut 6 mois d’incarcération à la prison de Saint-Gilles.
Les Allemands l’utilisent ensuite comme otage roulant sur les trains en attendant une fin qui paraissait inexorable et qu’il avait lui-même imaginée : son assassinat par les rexistes, à son domicile, le 1er février 1944.
Le personnage avait alors acquis une telle dimension que ce meurtre réveilla le patriotisme de milliers de Namurois qui, bravant l’interdit, escortèrent, la rage au coeur, la dépouille de leur Gouverneur jusqu’au cimetière de Belgrade.
Comment l’Athénée, en 1980, aurait-il pu choisir un autre patronyme ?
Extrait de « 150 ans d’enseignement secondaire de l’Etat en Wallonie et à Bruxelles », Éric Dricot, Publié chez Agers.