Histoire De Nanette (1857 – 1990)

En 1857, notre vieille maison comptait déjà 294 ans. Ecole latine du Faucon depuis 1563, Collège des Jésuites en 1610, Collège royal des Humanités en 1773, Ecole centrale du département de Sambre et Meuse en 1798, Collège communal de Namur en 1803, Athénée de Namur en 1817, Etablissement communal en 1830, elle devint ATHENEE ROYAL DE NAMUR en 1850 après avoir traversé sans péril, mais non sans gloire, les régimes espagnol, autrichien, français et hollandais.

Au cours de cette année 1857, l’Etat belge, alors responsable de notre enseignement, fit planter dans la cour d’honneur quatre acacias dont trois dépérirent rapidement. Le quatrième résista pendant 133 ans.

On l’appela NANETTE. Qui le baptisa de la sorte, personne ne le sait vraiment, mais en 1890 déjà, on célèbre sous ce diminutif d’un prénom tendrement féminin cet arbre vénéré. Georges Honincks, élève de 1890 à 1897, en témoigne dans ses souvenirs:

“Les nouveaux ne sont considérés comme de vrais Athéniens, par leurs condisciples, que lorsqu’ils ont embrassé NANETTE – “hommage de la bouche” eût-on dit au Moyen Age.

Aux équipes successives de surveillants, cette tradition a parfois posé quelques problèmes lorsque de jeunes recrues apeurées se voyaient traînées “manu militari” et par vagues successives jusqu’à NANETTE pour y écraser baisers vigoureusement appuyés sur un tronc particulièrement rugueux. Les bourreaux étaient presque toujours les victimes de l’année précédente.

Je me souviens personnellement de quelques lettres “explicatives” adressées par Monsieur le Préfet Roland à des parents outrés qui mena­çaient de retirer leur jeune rejeton d’une école à ce point si peu accueillante.

Il n’empêche. Avec le recul des ans, tous les anciens se souviennent avec nostalgie de la bonne NANETTE.

Elle figure sur toutes les générations de photos de classes. Quand l’Union des Anciens Elèves a décidé de publier une revue, on l’a baptisée: La Gazette de Nanette”.

Les exemples de référence à NANETTE sont légion dans les annales de notre établissement.

Qu’un robinier – faux acacia se soit féminisé au point de s’appeler NANETTE, je crois que c’est parce qu’il apparaissait à nos jeunes gens encore adolescents tel le “substitut” d’une maman tutélaire.

C’était aussi l’avis de Monsieur le Préfet Joseph Calozet, auteur en 1950, avec Monsieur Ernest Montellier pour la musique, du “Chant du Centenaire de l’Athénée royal” – un hymne que Monsieur Gaston Delcroix a courageusement appris à tant de générations d’élèves récalcitrants – dont le deuxième couplet disait:

Chantons notre vieille Nanette Qui prodiguant son amour dé maman Conte aux petits son merveilleux roman Tissé par les “anciens” qu’elle regrette

NANETTE, c’est aussi le besoin de féminité qui manquait sans doute à nos turbulents garçons avant l’avènement de la mixité dans notre école. Je le pense, car c’est depuis cette époque de la mixité que la tradition s’est quelque peu perdue. Nous n’avons plus de petits élèves; il ne nous reste que les grands qui préfèrent embrasser les filles plutôt que de séduire les charmes de notre vénérable NANETTE.

Cet apport chaleureux et parfumé de jeunes filles en fleur compensera peut-être la disparition végétale de NANETTE, préparée par les basketteurs de feu l’Athênéum (à cause des branches gênantes), souhaitée par tous les personnels d’entretien (à cause de l’abondance de feuilles à balayer à la morte saison), rendue inévitable par le professeur Alfred Leloup (à cause de sa chimie polluante) et décidée “ex abrupto” par une Administration aveugle et sourde, le Fonds de construction des Bâtiments scolaires (une Administration qui, malgré son nom, détruit plus qu’elle ne construit).

Mais NANETTE continuera à vivre comme ce qu’elle est en réalité: un monument de la mémoire. .

L’auteur de ces lignes, qui aura vécu 33 des 43 ans de sa carrière professionnelle à l’ombre de son feuillage, souhaite que l’on inscrive sur la tombe de NANETTE ces paroles de François Bovesse, prononcées le 8 mai 1938 à une réunion d’anciens élèves:

“Il faut se garder du stupide orgueil de ceux qui se croient éternels. Nous sommes des arbres dont chaque rameau est une génération. Mortels comme eux qui tombent sous les coups de la cognée, mais comme eux immortels qui renaissent dans une jeune pousse et dont les fleurs s’en vont, là-bas, ailleurs, féconder d’autres fleurs!”

Jean LIMET. 8 mars 1990

Du Collège Du Faucon À l’Athénée François Bovesse

En plein coeur des quartiers du Vieux Namur, l’Athénée « François Bovesse » occupe un site voué à l’enseignement lors de la création en 1545 de l’Ecole latine du Faucon.

Les bâtiments actuels ont commencé à être érigés en 1611, lorsque l’enseignement fut confié à la Compagnie de Jésus – les Jésuites. Le collège, complété du logis des pères et d’une tour remarquable fut achevé en 1620. Restait alors à édifier une église attenante, de style baroque : l’église Saint-Ignace, dénommée aujourd’hui Saint-Loup. Les bâtiments de l’école, de style Renaissance mosane, et l’église forment un magnifique ensemble architectural évidemment classé.

 

En 1773 , sous le règne de Marie-Thérèse d’Autriche, la Compagnie de Jésus est dissoute. L’État reprend le Collège sous le nom de Collège Royal des Humanités ; le gouvernement se charge de la direction des études, confiant à l’évêque de Namur le choix des maîtres et à la ville, toujours propriétaire des lieux, les charges financières. Cet éclatement des pouvoirs altère la qualité de l’enseignement.

 

Sous le Régime français, la situation s’améliore. Les Autorités républicaines créent l’École centrale du Département de Sambre et Meuse (1798-1802). Lorsque celle-ci ferme ses portes au profit du Lycée de Douai, la Ville décide de prendre à sa charge la création d’une École secondaire ou Collège communal (1803-1816).

 

En 1817, sous le régime hollandais, le nom d’Athénée apparaît pour la première fois avec, bien sûr, un cours de néerlandais obligatoire.

 

1830 sonne notre indépendance ; l’école redevient pour 20 ans un établissement communal. Même après la loi « Rogier » dont on célèbre le 150 e anniversaire, le pouvoir communal continue, via un bureau administratif, à s’intéresser de près à la gestion de l’Athénée (nomination de professeurs, salaires, programmes, discipline, participation aux activités extérieures, etc.) au moins jusqu’à la Première Guerre mondiale.

 

La Deuxième Guerre mondiale marque beaucoup la population scolaire de l’Athénée : résistance passive du corps enseignant ; destitution du préfet Calozet en 1943 ; assassinat par les rexistes de François Bovesse le 1er février 1944 ; occupation des locaux par les troupes américaines pendant presque une année.

Deux grandes fusions jalonnent la vie de l’Athénée depuis 1945.

Avec l’Ecole moyenne de Namur en 1959, signe de la démocratisation des études rendant la distinction entre les deux appellations obsolète ; celle avec le Lycée royal Blanche de Namur en 1981 consacrant enfin une mixité déjà bien ancrée par ailleurs. Cette dernière fusion est suivie d’une scission entre le Lycée de la Communauté française regroupant les élèves du fondamental et du 1 er degré du secondaire et l’Athénée, devenu Athénée royal François Bovesse en décembre 1980, qui accueille les étudiants des 4 dernières années du secondaire, de la troisième à la rhétorique.