73e hommage à François Bovesse et visite du fort de Breendonk

Si les élèves de l’Athénée de Namur avaient entamé leur 2e cycle de l’enseignement secondaire au début du siècle dernier, ils auraient eu pour camarade de classe, de jeu ou de plume : François Bovesse. Plutôt que d’écrire, sous la houlette de leur professeur de français, des textes tels que celui que pouvez lire ci-dessous, ces élèves de 3e E et F auraient formulé leurs engagements pour construire un monde meilleur avec ce disciple qui maniait si bien les mots.

Si François Bovesse n’a pu les guider dans leur travail d’écriture, les valeurs qu’il a défendues tout au long de sa vie leur ont insufflé le texte « Avoir 14 ans ». A travers celui-ci, les élèves s’interrogent sur ce qu’ils seraient devenus s’ils avaient eu 14 ans en 1944 notamment. Peut-être auraient-ils connu l’enfer des camps nazis comme les auteurs des autobiographies qu’ils ont lues en classe. Peut-être auraient-ils subi les traitements inhumains infligés aux prisonniers de la Kazerne Dossin et du Fort de Breendonk, lieux qu’ils ont visités le jeudi 2 février 2017. Il est certain que ce voyage au cœur de l’enfer a éveillé leur conscience et permis de comprendre les conséquences des choix et des actes de chacun.

Annie Delfosse, professeure de français
Photos : C. Goset et S. Closet

Avoir 14 ans

Si j’avais eu 14 ans au début du siècle dernier
Peut-être aurions-nous, François Bovesse,
Partagé le même banc d’écolier
Dans une des classes de l’Athénée ;
Ou qu’au pied de « Nanette » nous aurions fait l’biesse
Parce qu’entre nous une belle amitié serait née.

Si j’avais eu 14 ans en dix-neuf-cent-dix-sept
Peut-être aurais-je eu la folie ou le courage ?
De mentir un peu en trichant sur mon âge
Pour devenir estafette,
Ou crever à coups de baïonnette
Ceux qui avaient envahi notre pays
Et enlevé la vie à tant de nos amis.
Mais serais-je sorti victorieux de cette fichue guerre
Ou bien profondément blessé dans mon âme et ma chair ?

Si j’avais eu 14 ans en dix-neuf-cent-quarante-quatre
Peut-être aurais-je partagé le chagrin des tiens
Ce 1er février où des lâches sont venus froidement t’abattre.
Peut-être n’aurais-je jamais connu ton funeste destin
Parce que mes origines, mes croyances ou mon attachement à la Liberté,
M’auraient conduit dans l’un de ces sinistres camps
Où, dépourvus de toute humanité,
D’ignobles bourreaux
M’auraient jeté dans la gueule brûlante de Birkenau
Après m’avoir tatoué, humilié et torturé
Afin de me réduire à néant
Comme des milliers d’autres enfants.

Nous sommes en 2017 et j’ai 14 ans.
Pas à pas, j’entre dans le monde des grands.
Et je m’interroge sur ce qu’ils retiennent du passé.
Pourquoi tant d’entre eux regardent sans broncher
Ces réfugiés de Syrie ou d’ailleurs se faire expulser ?
Pourquoi amènent-ils au pouvoir
Des hommes et des femmes au coeur si noir ?
On me dit que c’est la peur
Qui leur fait perdre le sens des valeurs.
Moi aussi il m’arrive de trembler face à l’actualité
Pourtant, je crois toujours en la Fraternité,
L’Histoire m’a appris qu’elle est la garante de la Liberté.
Alors, nous qui avons 14 ans,
OEuvrons pour cultiver son champ.
Unissons nos forces chaque jour, chaque seconde
Pour qu’avec elle, la Paix règne à nouveau sur le monde.

Texte rédigé par les élèves de 3e E et 3e F dans le cadre du cours de français de Madame DELFOSSE.

Les lecteurs sont : Lara FOULON, Célestin KAYSER, Judith PALM et Léa DONTAINE.

Categories: Nouvelles

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